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Archéologie

Attestée dès le paléolithique inférieur, la présence de l'homme en Pays d'Apt est de ce fait très ancienne . Les traces plus visibles de l'occupation de notre région se situent au néolithique. Nous avons, dans cette région de Provence, les deux seuls spécimens de dolmens du département de Vaucluse trouvés à ce jour, le premier à Ménerbes l' autre ( en cours de fouille) sur la commune de Goult. La via Domitia crée par les romains pour relier les provinces d' Espagne à celles d' Italie passe par la vallée du calavon. Elle va permettre ultérieurement la conquête de la Narbonnaise et l'installation de la "pax romana". La ville d'Apt (Apta julia) s' installe naturellement sur cette voie de communication dans un lieu pourtant peu propice car le site est inondable. Il y avait un forum avec ses bâtiments administratifs, un théâtre ( sous l'actuel musée) de la taille de celui de Vienne. Dernièrement lors de fouilles préventives des vestiges de villae ont étés mis à jour à la périphérie de la cité.Une autre découverte, fortuite celle là, sur la commune de Saignon, nous permet d'admirer une autre villae qui sera sauvegardée au vu de l'intérêt exeptionnel des vestiges dégagés.

Plus les périodes se rapprochent de la nôtre , plus les vestiges et la connaissance que nous en avons sont importants. Il en va ainsi du moyen âge avec ses monuments religieux (abbaye de Sénanque entre autres )ou civils (vestiges de châteaux forts ou enceintes fortifiées). D'autres périodes sont également représentées mais il serait trop long de les citer toutes. Il faudrait faire une exception pour le patrimoine industriel de cette contrée qui est fort intéressant et ceci depuis l'époque moderne jusqu'à nos jours. Nous vous présenterons dans le tableau ci-dessous quelques particularités, renouvelées souvent, de notre lieu de vie en vous montrant ce en quoi il est digne d' intérêt.

un atelier d'archéologie et un autre de géographie viennent de voir le jour pour tout renseignement contactez-nous


Il y a 2000 ans...
La villa romaine de Tourville. Les nouvelles découvertes de l'été 2000.

(vue vers le SE.) La partie est du chai : ordonnance des
dolia
Les fouilles archéologiques sur la villa romaine de Tourville se sont poursuivies par une nouvelle campagne de travaux au cours de L'été dernier. De juin à septembre se sont succédé des groupes de bénévoles et d'étudiants venus bien sûr du pays d'Apt, mais aussi de toutes les régions de France ainsi que de l'étranger (Italie, Pologne, Liban). L'encadrement était assuré par quatre salariés (Nelly Duverger, Robert Gaday, François Guyonnet, André Kauffmann).
La campagne de fouille a pu se dérouler grâce à un cofinancement assuré par l'Etat et la Ville d'Apt, et une aide technique importante du service d'Archéologie du Conseil Général de Vaucluse. Parallèlement, les travaux de restauration du site se sont poursuivis dans plusieurs secteurs une équipe de maçons du C.A.T. de Tourville a continué à remonter partiellement les murs des différents états de la ferme. Une restauratrice de céramique a consolidé une partie des dolia du chai viticole; un restaurateur de sculpture et un ébéniste ont remis en état, et presque en état de fonctionnement le moulin à olives. Ces travaux ont été réalisés là encore grâce à un cofinancement Etat / Ville / Région, dans le cadre d'un dossier monté par le Parc Naturel Régional du Luberon.
L'histoire des bâtiments agricoles.
Des sondages à l'intérieur du chai viticole ont permis de préciser les différentes étapes de l'évolution des bâtiments agricoles. Il semble de plus en plus probable aujourd'hui, que cette ferme gallo-romaine a pris la place d'une exploitation agricole gauloise dont les origines pourraient remonter aux VIe/Ve siècle avant J.C. comme en témoignent les céramiques tournées de couleur grise, importées des villes grecques de la côte (Marseille et ses comptoirs). Mais les vestiges de ces époques anciennes sont encore trop fragmentaires et isolés pour que l'on puisse reconstituer le plan des bâtiments des premiers occupants du lieu. Le premier état du chai romain a été construit au plus tard au début du 1er siècle de notre ère, ou même plus probablement dans la 2e moitié du 1er siècle av. J.C. Il serait dans ce cas pratiquement contemporain de la fondation de la ville. La superficie du chai viticole est restreinte par rapport aux périodes suivantes 23 m de long sur 6m50 de large.il est alors construit en moellons grossièrement équarris liés à la terre. Dans la fondationde ce premier bâtiment a été trouvé en remploi, une maie (table de pressoir) d'époque gauloise, semblable à celles que l'on peut voir à entremont au second siècle avant JC. :la construction du chai romain a rendu caduques les outils de production antérieurs. Vers le milieu du IIe siècle, sans doute sous le règne d'Antonin le Pieux (138-161), le chai subit un agrandissement vers le sud ; sa largeur passe de 6m50 à 8m. Il compte alors une superficie de 184m2 (23m x 8m), construit cette fois en moellons liés au mortier de chaux, le nouveau mur sud est doté de 3 piliers de renfort, espacés régulièrement, qui supportent probablement les fermes de la charpente. Ce mur est donc conçu de telle manière qu'entre les piliers peuvent être ménagés de très larges ouvertures permettant une circulation d'air sous la toiture. Nous ne savons pas encore si la construction de l'atelier de foulage tel que nous le connaissons, est datée de cette phase de réaménagement ou de la suivante, qui se situe peut-être à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle. C'est au cours de cette troisième période, pour l'instant difficile à dater, que le chai est agrandi une dernière fois vers le sud par l'adjonction d'une galerie de 2m80 de large, ce qui porte sa largeur totale à 11m et fait passer la superficie à près de 250m2. Cela permet de stocker le vin pour la fermentation dans environ 60 / 70 dolia. Pendant cette dernière période (IIIe siècle), on ne produit plus que du vin dans cette ferme. La production d'huile est totalement abandonnée, comme en témoigne le moulin à olives posé contre un mur (alors qu'il est nécessaire de tourner autour du moulin pour le faire fonctionner correctement), ou un bassin de décantantion entamé pour l'implantation d'un dolium de stockage de vin. Nous avons déjà parlé dans les précédents articles des états successifs de la cour des bâtiments agricoles et de l'incendie violent qui a ravagé l'ensemble des constructions vers 270.

(Vue vers l' E.) Au premier plan: le sol de la pièce AP.Au second plan: les terrasses des bassins de foulage et les deux dolia recueillant le jus de raisin, au pied des bassins

(vue vers le S.) Four culinaire à l'ouest de l'espace E (état IV).

.(Vue vers le NE.) Intérieur du trapetum du moulin à olives, avec sertissure en plomb de l'axe central.

L'habitation Cette année a vu également le début de la fouille méthodique des bâtiments d'habitation de la ferme. Situés dans la partie nord du site, sur un système de terrasses dominaient les bâtiments agricoles et offraient probablement à leurs habitants une très belle vue sur la vallée du Calavon et le Luberon. Le décapage de la couche de destruction et quelques sondages ont permis d'observer le plan quasiment complet du dernier état de l'habitat. A côté des pièces dont la fonction est encore imprécise, on trouve les cuisines : deux fours, dont l'un de près de 2 m de diamètre, sont installés contre les murs extérieurs des bâtiments. Enserré par un muret de pierre, leur chemisage interne est d'une construction circulaire en fragments de tuiles, sur lequel reposait une voûte maçonnée également en fragments de tuiles liés à l'argile. Cette découverte porte à trois le nombre de fours qui pouvaient fonctionner en même temps dans la ferme au IIIe siècle. Dans ce genre d'exploitation, il fallait bien sûr nourrir une population importante lors des périodes de vendange ou de récoltes d'olives... Non loin des cuisines apparaissent des pièces dans lesquelles on reconnaît le plan de petits thermes dotés d'une installation de chauffage sophistiquée vestiges de pilettes supportant les sols des salles de chauffage ; vasque en bronze appartenant à une chaudière installée à l'entrée des salles de chauffage ; pièce à abside correspondant à la salle du bain chaud; système d'adduction et d'évacuation des eaux. Construits sur une pente, ces bâtiments étaient organisés en terrasse afin de rattraper les niveaux naturels du terrain. Malgré cela, les habitants ont été à plusieurs reprises obligés de consolider et même de doubler les murs de soutènement de la maison.
Une route, des cultures.
Car c'est une véritable route de 3m50 de large et de direction SO-NE qui bordait la ferme sur sa façade nord. On peut actuellement la suivre sur une longueur de 25 m. Les recharges successives de graviers et de tout-venant, l'installation d'un drain, montrent qu'elle a été entretenue pendant toute l'histoire de la ferme, du Ier au IIIe siècle. Elle se dirigeait au sud-ouest vers le Calavon qu'elle franchissait sans doute par un gué permettant de rejoindre la voie domitienne ; au nord-est elle filait vers le ravin de la Masque qu'elle franchissait également pour rejoindre d'autres exploitations agricoles dont les emplacements ont été repérés en prospection. Sur son côté nord, cette route est bordée de terrasses de culture maintenues par des murs de soutènement, eux-mêmes reconstruits à plusieurs reprises. Ces murs de restanques ont piégé des céramiques modelées gauloises des Ier/ IIe siècles avant J.C., et témoignent encore une fois de l'ancienneté de l'occupation et de l'exploitation du site. Ainsi, ce n'est plus seulement une ferme d'époque romaine que nous avons la chance d'étudier à Tourville, mais bien un système d'exploitation du sol dans son ensemble, comprenant les bâtiments d'exploitation et d'habitation, les espaces cultivés, les voies de communication qui reliaient à la ville le réseau des fermes disséminées sur le territoire de la cité.
André Kauffmann

Texte de Mr André Kauffmann , archéologue et conservateur du musée d'Apt.

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